Analyse de: Le verger de ma dame
Pour ceux qui ne l'auraient pas vus, ce court poème est extrêmement polycémique et possède une importante connotation sexuelle presque explicite. Voici un tour d'horizon des différents thèmes de ce texte:
1/ un acte mystérieux
Dès le début, il est question de mystère avec un lieu fermé par une clé que "lui seul possédait". "lui seul" accroissant cette sensation d'hermétisme. Cette sensation se confirme quand on apprend que madame y "gardait au secret ses pensées". Le mot "secret" confirmant les interprétations des premières phrases et le mot "pensées" accuentuant le caractère privé de la chose; une pensée étant avant tout personnelle.
Indication temporelle avec le complèment circonctentiel de temps "Lune venant" qui amplifie le caractère secret de l'acte ainsi que le lieu qualifié d'"inconnu"
2/un acte inédit
Le deuxième sens de lecture permettant de comprendre que le jardin symbolise l'appareil génital de la femme, le mot "rouillée" attaché à celui de "serrure" prend un sens important: en effet, "rouillé" signifie d'une chose qu'elle n'a pas servie depuis extrêmement longtemps. Voir même jamais. Cela peut conduire à l'inteprétation que la femme est encore vierge, et qu'elle s'apprête à avoir une relation sexuelle pour la première fois. Cette impression se renforce avec le mot "vierge" explicite pour décrire les "buissons touffus" protégeant le jardins.
Le passage à l'acte semble être un véritable défi pour le personnage principal. Il est souvent comparé à une bataille et lui-même est comparé à un héros/guerrier car il est qualifié de vaillant; l'une des caractéristiques du héros chevaleresque. C'est ironique car l'acte qu'il se prépare à accomplir est opposée à la bienséance de l'esprit chevaleresque. On ressent l'accession au jardin de la femme comme une veritable conquête où le lieu même représente l'ennemi: les "buissons touffus" qui entourent le portail sont décrits comme "protégeant le coeur de ce lieu inconnu" et comme "vaincus" une fois que l'homme a réussi à les traverser.
3/Un acte biblique
Ce poème peut être considéré comme une référence au jardin d'Eden tout d'abord de par la ressemblance entre les deux lieux; tous les deux des jardins abondants de fruits et de fleurs. On retrouve d'ailleurs dans le verger du poème les fameux "pommiers" dont le fruit qui apportait la connaissance, était défendu à Adam et Eve par Dieu et étant à l'origine du péché originel. Cela rejoint ainsi l'acte sexuel commis dans le poème car, le péché originel, si il consiste au fait de croquer le fruit défendu, est souvent considéré aussi comme la copulation. Cette menace est d'ailleurs présente dans le verger avec la présence de péchers dont la prononciation orale et identique à celle du péché. Ainsi, l'homme aurait dans ce jardin, accés au péché originel dans ses deux sens (celui de la pomme croquée étant symbolisé par l'apport de connaissance et l'homme ayant accés à la connaissance probable des secrets évoqués au début que la dame aurait caché en ce lieu,) car le troisième et dernier élément décrit dans le verger est "une masse de giroflées jaunes" qui signifient en language floral l'envie sexuelle et où la main de l'homme "mourût d'envie de plonger". C'est ce contact entre les fleurs et la main qui déclenchera par la suite l'érection chez l'homme (symbolisé par la fontaine) et le déchirement de l'hymen chez la femme (symbolisé par la coulée de nectar vermeil).
Ainsi, on peut dire en conclusion que ce poème traite d'une première experience sexuelle pour une femme, dont l'acte serait semblable pour elle et son partenaire à celui d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden en raison de la similitude entre les deux lieux mais surtout de la présence implicite des deux interprétations du péché originel (la connaissance et la copulation) ainsi que de la menace même du péchée.
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