Monde des Rêves 2.0 de Salomon Koubatsou

Monde des Rêves 2.0 de Salomon Koubatsou

Kishibe_chapitre 1

 

 

"Debout! Vous vous prenez pour des Norrae ou quoi? Dépechez-vous de vous lever si vous ne voulez pas que je finisse le pain!"

 

     Salan ouvrit des yeux bleu encore embrumés de sommeil et se redressa maladroitement dans son lit tandis que Capio faisait le tour du dortoir afin de vérifier que tout le monde était réveillé. Salan aimait bien Capio mais ne pouvait le supporter le matin, quand ce dernier se chargeait de réveiller les enfants receuillis à Domuan. C'était cependant son privilège en tant qu'homme-à-tout-faire du relai et protégé de Badal.

 

-La barbe! marmonna une voix provenant du lit d'à côté. J'aimerai me réveiller avant lui un jour juste pour le plaisir de le réveiller ausssi brutalement!

     La voix appartenait au à l'un des plus proches amis de Salan: Tahrun, un jeune d'une douzaine d'année au teint pâle, au traits fin et aux yeux bleu ciel. Il possédait en outre, une touffe de cheveux noir dont il négligeait le soin, dressée en épis de part et d'autre de son crâne. C'était sa différence la plus marquante avec Salan qui était plus jeune d'une année et avait toujours eu une pilosité très faible au niveau capillaire. Si tant-est qu'on puisse parler de faible pilosité malgré les oreilles félines, les mains recouvertes de duvet et la queue touffue que possédaient les deux jeunes gens. Loin de s'atténuer avec le temps, les symptômes des Kishibes s'étaient multipliés dans le corps de Tarhun et Salan et il était de plus en plus ardu pour Badal de cacher ces singularités aux voyageurs passant par le relais; même si la plupart ne voyaient en ces deux orphelins que deux curiosités de la nature sans grande importance, certains (en particulier, les hommes du clan Murthrjan) auraient bien pu les considérer avec hostilité, ou même avec convoitise.

 

     Quarante saisons s'étaient écoulées depuis que Domuan avait accueilli en son sein les deux orphelins ainsi que le garde Oria qui s'était rapidement intégré à la curieuse communauté que formait les habitants du relai. La vie sous la tutelle de Badal s'était révélée plutôt plaisante malgrès les leçons et le travail qui ne manquait jamais. Les enfants et le personnel de Domuan vivait ensemble depuis si longtemps que presque rien ne les aurait différenciés d'une véritable famille. Badal était le plus souvent grincheux, peu loquace, et s'isolait souvent dans sa chambre pour travailler, mais tout le monde savait qu'il éprouvait de l'affection pour tout les rejetons dont il avait la garde. Théruge quant à elle était certainement l'adulte préféré des jeunes pensionnaires, probablement car c'était elle qui était le plus en contact avec eux étant donné qu'elle avait à charge leur éducation, mais surtout car elle était d'une grande bonté envers les êtres faibles et seuls. Théruge détestait l'injustice et il semblait qu'elle avait légué ce principe à Naliee, une fillette de 11 ans qui était sa petite préférée. Capio lui, était arrivé à Domuan à 3 ans et avait été adopté par Badal 5 ans plus tard, celui-ci ayant besoin d'un apprenti qui l'aiderai dans la gérence de l'orphelinat. Depuis ce jours, Capio oeuvre pour contribuer le plus possible au bon fonctionnement de Domuan en s'occupant des repas, de l'entretient du batiment et de diverses autres tâches. A présent, il avait 18 ans et il était clair qu'il n'envisageait aucun autre destin que celui d'aider Badal dans son travail et de reprendre le flambeau à sa mort. Son coeur était tout entier dévoué au relai.

En pensant à cette magnifique harmonie régnant dans cet endroit, Salan se demandait souvent si il aurait un jour la force de le quitter..

 

-Quel est le programme de la matiné déjà? demanda Tahrun à son compagnon.

 

-Cartographie sur les différentes région de Laerte je crois. lui répondit Salan.

 

-Super! Enfin quelques chose de nouveau à étudier! J'en avais par-dessus la tête de travailler sur l'histoire du relai!

 

     Les deux jeunes s'habillèrent rapidement et descendirent l'escalier en colimaçon qui reliait le dortoir à la salle à manger, lui-même relié à la cuisine où Capio s'affairait. Le petit-déjeuner était simple: du pain, du lait et du miel, et parfois aussi de la confiture. D'après Badal, trop de nourriture au réveil empêcherai l'esprit de se concentrer pleinement sur le monde qui l'entoure. Lui-même, assis à l'une des extrémitées de la table, semblait avoir oublié qu'il était sensé manger. Il balayait d'un oeil encore brouillé de sommeil, la grande table où mangeaient avec appétit six de ses sept protégés. Il y avait à sa gauche, Reis, un adolescent blond d'une quatorzaine d'année au visage étroit occupé à rassembler les miettes tombés de son pain en un petit tas devant lui, Rion, son jeune frère au cheveux roux en bataille qui avait l'air hagard et l'oeil morne de quelqu'un qui manquait cruellement de sommeil, et Dagno, un jeune enfant de 6 ans au caractère enjoué qui dévorait une immense tartine de miel tout en essayant d'éviter à ses doigts d'entrer en contact avec la substance collante.

     

     A droite se trouvait Salan qui buvait un verre de lait tout en bavardant avec Naliee sa meilleure amie. Naliee était une fillette au cheveux blond tressés qui était arrivée au relai quelques jours seulement avant les deux Kishibes. Elle était la seule fille parmi les pensionnaires (si l'on exepte Tania, un bébé de 10 mois actuellement à la charge de Théruge et Capio) et c'était peut-être la raison pour laquelle elle avait toujours cultivé une très grande complicité avec Théruge sa préceptrice. Mais, bien loin d'être naïve et peureuse, Naliee s'était révélée être aussi réfléchie que téméraire. Son bon sens n'avait d'égal que son infinie bonté ainsi que son obsession depuis toute petite à combattre toutes les injustices. Rares étaient les pensionnaires de Domuan qui se risqueraient encore à l'embêter: tous savaient qu'elle sortirai gagnante de l'affrontement, qu'il soit physique ou verbal. Cependant, Naliee demeurait d'une immense douceur avec les gens qu'elle aimait. Elle n'aimait simplement pas se faire marcher sur les pieds.

 

     Le regard de Badal se posa sur Tarhun qui mangeait son pain sans prêter attention aux autres. Le vieil homme fronça les sourcils. Tahrun était de loin l'enfant le plus associable qu'il n'avait jamais vu à Domuan. Même s'il traînait la plupart du temps avec Salan et Naliee, Badal avait la désagréable impression que la compagnie le dérangeait plus qu'autres choses. Tahrun restait très secret sur lui-même et gardait toujours ses pensées pour lui. Certes, Salan aussi n'avait jamais été très à l'aise en grande comité mais jamais il n'avait donné l'impression à Badal de s'ennuyer avec Naliee. Il était relativement discret et impulsif mais avait cependant un caractère très souple et demeurait toujours facile à vivre.

 

    Après avoir fini de manger, la petite troupe se dirigea vers la salle de bain située prés du dortoir afin d'effectuer une toilette rapide, puis redescendit en direction de la salle d'Apprentissage, un grenier aménagé où s'étalaient en rang d'oignon des table pourvues de cahiers marron clairs. La leçon commençait tôt le matin. Salan comme à son habitude, prit plaçe entre Tahrun et Naliee.

 

-Tu n'as pas pris ta capuche? lui lança cette dernière d'un air malicieux. Non, attends, laisses-moi deviner... tu ne la trouves plus c'est ça?

 

-Arrêtes Naliee s'il te plaît, répondit Salan d'un ton froid. Je ne sais pas où elle peut être et j'aimerai bien la retrouver.

 

-Décidément, toi et l'organisation...conclut Naliee avec un regard à la fois complice et affectueux. Si tu veux je pourrais t'aider à la chercher après le cour.

 

-Mais elle n'était plus là! répondit Salan d'un air tourmenté. Je la laisse toujours sur le rebord de la fenêtre à côté de mon lit, et ce matin quand je me suis levé, elle n'y était pas!

 

-A mon avis quelqu'un a dû te le chiper pour te faire une blague, lança Tahrun qui n'avait rien perdu de la conversation.

     Il portait sa propre capuche d'un noir d'encre autour de sa tête, dissimulant ses oreilles de félin. C'était la règle imposée par Badal: les deux kishibes devraient avoir la tête couverte le plus souvent possible de façon à ne pas se faire remarquer par les passants du relai. Bien évidemment, tout les habitants de Domuan connaissait l'identité des deux enfants et un bon nombre de voyageurs ne se laissait pas berner par les bouts de tissus bleus et noirs. Même sans voir leurs oreilles pointues, il était dur de ne pas s'interrroger sur leurs queues touffues et leurs griffes naissantes. C'était cependant le seul moyen d'atténuer le plus possible la chose. "

Pour un fois ce n'est pas grave, reprit Tahrun. Tu ne vas pas en mourir, et puis nous sommes à l'intérieur pour l'instant! Il n'y a aucun risque pour que tu attires les regards de personnes mal intentionnées ici."

 

 

-Mouais...de ce côté-là ce n'est pas un problème mais j'ai peur que ça fournisse une occasion de me frapper à ce grand crétin pomponné de...AÏE!

   La phrase de Salan fût brutalement interrompu par Reis. Ce dernier qui se tenait derrière son camarade, avait entre ses mains les deux oreilles félines et tirait dessus sans vergogne.

 

-Eh bien Salan! Tu cherches à faire peur à Dagno avec ta sale tête? le sourire méchant de l'adolescent redoubla la fureur de Salan qui tentait vainement de se libérer de son agresseur. Fais gaffe quand tu passera devant la cabane d'Enaid le chasseur; il risquerai de t'abattre et de te vendre à Shojiro pour corser le repas de ce midi!

 

Naliee bondit aussitôt de sa chaise.

-Arrêtes! Tu lui fais mal! elle tenta de libérer son ami de l'étreinte adverse mais Reis tenait bon. Mais aidez-le! Ne restez pas assis en regardant! supplia-t-elle en balayant du regard Tahrun et Rion, les deux seuls autres élèves présents.

 

     Tahrun vint aussitôt porter secours à son compagnon en faisant pleuvoir une pluie de coup de pieds et de coups de poings dans les jambes de Reis tandis que Naliee était toujours aux prises avec ses bras. Rion, lui, resta assis sur sa chaise, les yeux fixé sur le conflit, une expression à mi-chemin entre la peur et la haine. Que pensait-il des Kishibes? Peut-être avait-il une opinion différente de celle de son frère, peut-être n'avait-il aucun problème avec les oreilles de Salan. Mais devant son frère ainé qui, comme toujours, jouait les tyrans auprès des autres, jamais il n'aurait le cran d'intervenir. Il ne fit que se recroqueviller d'avantage sur sa chaise sans détacher les yeux de la bagarre.

 

-Je sais bien que je lui fais mal! s'exclama Reis. Et après? Tu penses qu'il peut ressentir la douleur? Ou même simplement ressentir quelques chose? Ce n'est qu'un animal débile. Un sale kishibe!

 

-RETIRES CE QUE TU VIENT DE DIRE! crièrent en coeur Salan grimaçant de douleur, toujours tiré par les oreilles, et Tahrun qui leva son regard vers Reis, une expression féroce sur le visage.

 

    Reis ne put cacher totalement son trouble face à l'animosité manifeste de Tahrun (il était rare de le voir sortir ainsi de ses gonds) mais ne put ajouter un mot car une petite paire de bras entoura brutalement sa taille et le tira en arrière de toutes leurs forces. Les quatre bagarreurs virent alors accroché au dos de Reis, le petit Dagno, le visage ruisselant de larme.

 

-Arrêtes de lui faire du mal! sanglotait-il tout en essayant de tirer Reis loin de Salan, bien qu'il ne fasse que la moitié de sa taille. Laisses-le tranquille! Laisses-le tranquille!

 

-AH NON! CA SUFFIT! ARRETEZ IMMEDIATEMENT OU JE VOUS EN COLLE UNE A TOUT LES CINQ!!!

 

    L'appel inimitable de Théruge mit brutalement fin au combat. Les belliqueux jeunes gens s'immobilisèrent, Dagno cramponné à Reis qui tenait toujours les oreilles de Salan, et Naliee, le poing en l'air à côté de Tahrun, ses jeunes griffes félines plantées dans le tibia de son ennemi.

Dans l'encadrement de la porte venait d'apparaitre la précéptrice qui affichait un air bien éloigné de celui doux et aimable qu'elle arborait en temps normal. Seule restait sur son visage, une colère froide.

 

-Reis! Lâches tout de suite Salan! Et vous quatre, éloignez-vous de lui! ordonna-t-elle.

Après quelques instant de silence d'une infini tension et sous le regard anxieux des 6 pensionnaires de Domuan, Théruge fini par empécher sa colère d'exploser, s'assit sur une chaise vide et pointa un regard accusateur vers Reis: "

Comment as-tu osé dire les injures que j'ai entendu?" Demanda-t-elle d'une voix dangereusement calme.

 

 

-Je.... heu... Mais c'est juste que....

Reis ne put articuler une réponse. Il se contenta d'affronter le terrible regard de sa tutrice d'un air mi-indigné mi-penaud. Il finit par baisser la tête, contrarié.

 

-Quel cour devient-nous avoir à cette heure-ci? lança Théruge (qui n'attendait visiblement pas de réponse de Reis) à la cantonnade.

 

-On devait faire de la cartographie. répondit Tahrun.

 

-Ah oui? Eh bien changement de programme. À la place, nous allons parler des Kishibes.

 

-Quoi? S'exclama Tahrun déçu. Mais pourquoi?

 

-Parce qu'il est apparement urgent de dissiper les préjugés. gronda Théruge d'une voix glaciale.

 

    Sachant qu'il était inutile de protester, Tahrun se rassit sur sa chaise à côté de Salan et Rion. Les enfants observèrent leur tutrice traverser la salle avec une attention qui ne leur était pas coutumière. Tous avait conscience que ce cour serait des plus important. Une leçon de la vie. Ou de survie.

 

-Bon. commença Théruge. Qui peut me dire ce qu'est un Kishibe?

 

    Reis leva timidement la main.

-C'est une personne mi-humaine mi-animal. dit-il d'une petite voix.

 

-Non. rétorqua la préceptrice à la surprise générale. Pas les Kishibes auquels vous pensez en tout cas. C'était au départ le nom d'une race animale présentant des caractéristiques humaines. Bien qu'elle ne soient pas vraiment animales, elles n'ont strictement rien à voir avec nous. Ces créatures sont rares cependant. Elles vivent la plupart du temps en horde dans des endroits isolés des humains. Beaucoup ne les considèrent pas comme de véritables animaux mais plutôt comme...(Théruge réfléchis un instant) des chimères. Des êtres venant du monde des songes envoyé à Laerte par on ne sait quelle force dans le but de briser la barrières entre nos deux mondes. Le notre, et celui des bêtes.

 

   Un silence d'or régnait dans la salle. L'atmosphère semblait soudain iréelle comme si l'on était soudain passé de l'autre côté de cette mystérieuse barrière.

 

-Alors les Kishibes sont méchants? demanda Dagno qui venait de voir toutes ces certitudes ébranlées en quelques phrases. Et puis pourquoi il faut pas se mélanger aux animaux? Ils sont méchants eux-aussi? demanda-il d'une voix aigûe.

 

Théruge poussa un long soupir avant de répondre en plongeant ses yeux dans ceux de Dagno comme si le moindre mot compris de travers par l'enfant pouvait avoir des conséquences abominables:

"les Kishibes ne sont pas méchants mais ils sont dangereux. Nous ne sommes pas des animaux, Dagno. Et les animaux ne sont pas des humains. Nous ne communiquons pas ensemble et nous ne pourront jamais rien apprendre les uns des autres."

 

 

Elle se redressa lentement afin d'avoir tout ces protégés dans son champs de vision:

 

-Plus tard, vous apprendrez que beaucoups de conflits et d'ennuis ont résultés de l'incompréhension qui règne entre nos deux mondes. Nous n'avons rien en commun avec eux. Et c'est ce pour quoi les Kishibes sont des êtres à part. Ils appartiennent à deux mondes à la fois. Ou peut-être tout simplement à aucun des deux, que sais-je... Dans tout les cas, ils ne sont alliés ni aux hommes, ni aux bêtes. Ce qui en fait une race indépendante et une race indépendante est souvent synonyme de trouble-paix.

Théruge s'interrompit un instant pour laisser ces informations pénétrer nos cerveaux. Le mien me lançait douloureusement à mesure qu'elle poursuivait son récit.

 

"Il existe en tout, quatre race différentes de Kishibes dans les terres de Laerte. Il y a celles des Tritons, ce sont des sortes de poissons avec des bras et un buste plus ou moins semblable aux notres si l'on exepte leur couleur gris-bleu. Je crois qu'il y en a quelques un dans le lac de Prâal. On trouve aussi les Harpies dans la région de Talpa mais aussi globalement dans toute zone sèche et aride. Ce sont d'horribles oiseaux à tête de femme. Je vous souhaite à tous de ne jamais en rencontrer, elles sont aussi perverses et dangereuses qu'une fleur d'aconit. Ensuite il y a la race des Centaures. Ceux-là sont moins dangereux que les Harpies mais je ne vous conseille pas non plus de croiser leur route un jour. Ce sont des hommes à la carrure impressionnante dont le bassin et les jambes sont en fait, le corps d'un cheval. Je n'en ai jamais vu qu'en dessin mais c'est une vision absolument exeptionelle -et terrifiante-. Enfin, la dernière race est....eh bien en fait il ne s'agit pas vraiment d'une race car cette créature n'existe pas. Elle est considéré comme la créature à l'origines des Kishibes. Il n'y aurait pas là plusieurs êtres mais un seul. Un énorme félin pourvu de deux ailes immenses et d'une tête de femme. Il ne parle pas. Ni aux bêtes, ni aux humains -car oui, les Kishibes maîtrisent notre language aussi bien que celui des animaux-. On ne sait presque rien de lui. C'est une sorte de fantôme, de légende... Il porte le nom de Sphinx."

 

 

    Le regard de Théruge se perdit alors, semblant fixer une créature qu'elle était la seule à voir. Une créature ailée à tête de femme et à pattes de lion. Dans la salle de classe, l'air semblait lançer des étincelles tant nous étions concentrés sur les paroles de notre tutrice. Mon crâne me fesait mal. Si mal...

 

-Mais quel rapport avec les Kishibes comme Tahrun et Salan? demanda Naliee d'un air incrédule.

 

Tout les regards convergèrent vers les deux interessés. Tahrun, mal à l'aise d'être le centre de l'attention général, remua les oreilles d'un air contrarié tout en foudroyant Naliee du regard. Troublée par le malaise qu'avait provoqué la question, Théruge prit le temps de réfléchir à sa réponse:

 

-Eh bien, il arrive parfois que des humains possèdent certaines... similitudes avec des animaux. Ils ont des difficultés à s'intégrer à la société humaine ainsi que des rapports avec la natures plus proches que la norme. C'est cependant extrêmement rare. À ma connaissance, on compte à peine une vingtaine de cas de Kishibe humains depuis 800 ans. Je... je dois dire que je n'aurais jamais cru possible que deux Kishibes puissent se rencontrer, tant la probabilité est infime... ajouta-t-elle d'une voix ténue en nous lançant un regard furtif. "Arrivé à un certain âge, les Kishibes peuvent présenter un physique particulier qui peut rappeler celui des bêtes. En fonction des individus, cela peut simplement être des griffes ou une forte pilosité mais pour d'autres, le processus dit "processus de métamorphose" peut conduire à une transformation tellement importante qu'on pourrait avoir du mal à y reconnaître un humain.

 

Dagno fronça les sourcils: "C'est seulement quand on est grand qu'on peut ressembler à une bête? Mais alors pourquoi Salan et Tahrun ils ont déja des queues et des griffes?"

 

Théruge fut incapable de soutenir le regard de son jeune élève quand elle murmura:

-Je l'ignores Dagno. Nous l'ignorons tous...

 

Encore une fois, nous avions l'impression d'être placé sous un projecteur géant. Nous défions les lois des probabilités. Nous étions des erreurs. Des horreurs, même. Les muscles de mon dos se contractèrent nerveusement.

 

Après un silence insoutenable, Théruge frappa dans ses mains deux fois et clama que nous ferions mieux, tous, d'aller aider à cueillir les légumes avec Serec, le paysan associé de Shojiro.

"Et n'oubliez surtout pas que Kishibe ou pas, vous êtes tous des enfants devant moi et aucun enfant ne vaux moins qu'un autre. Le premier que je reprendrai à dire des idioties sur ce sujet devra changer les couches de Tania pendant deux lunes!"  Son regard s'attarda un instant sur Reis qu'elle fixa avec sévérité avant de sortir de la classe, nous laissant sortir rejoindre le vieux Serec.

 

 

J'attendit que la cohue des pas martelant l'escalier cessent, avant de me lever à mon tour de ma chaise et de me diriger lentement vers la sortie. Tahrun était parti. Naliee en revanche, m'attendait en bas de l'escalier. Je m'arrétai façe à elle. Elle me fixa d'un air qu'elle seule savait prendre. Un air qui exprime autant l'affection que la détermination.

-ça va aller? me demanda-t-elle.

 

-Oui, t'inquiètes pas pour moi.

 

-En partant, Reis m'a redonné ta capuche, dit-elle en la lui tendant. C'est bien lui qui l'avait prit pour avoir un prétexte pour t'embéter.

 

-Merci.

Je mis immédiatement la capuche d'un bleu roi autour de mon crâne. Elle était suffisament ample pour camoufler les deux bosses que formait la pointe de mes oreilles. Naliee me regardait toujours d'un air insistant. 

"je t'assure que je vais très bien!"

 

 

 

-Ecoutes moi, pour moi tu n'est pas un Kishibe, tu es d'abord et avant tout mon meilleur ami.

 

Mais c'était facile, tellement facile pour elle de penser cela... les douleurs dans ma tête redoublèrent d'intensité. Je sentis mes boyaux se contracter douloureusement en un énorme noeud de colère, de peur et de contrariété. Je m'efforçai de ne rien montrer de mon trouble à Naliee. Mes poings étaient si serrés que mes griffes déchiraient mes paumes. Quel était-donc ce réservoir de haine et de sauvagerie que je semblais avoir en moi? Etait-ce vraiment à cause de ma soi-disante maladie? N'était-je vraiment au finale qu'une bête? Un danger? Cette seule idée me rendait malade!

 

-Salan!

Naliee semblait plus inquiète que jamais.

 

-Je t'interdis de déprimer à cause de ce qu'à pu te dire ou te faire une sombre andouille comme Reis! C'est bien compris?

 

 

****

 

 

Je dois dire que ce qui me plaît le plus à Domuan, c'est l'atmosphère simple et conviviale qui y règne en permanence. Pour nous rendre au potager de Serec, nous devions traverser tout le relai qui était constitué d'une vaste place autour de laquelle l'orphelinat fesait face à l'auberge de Shojiro et aux quelques maisons des habitants des environs. Plus loin, se trouvait des rizières, des champs et des terrains battus sur lesquelles Serec élevait des vaches. Les limites du territoire des hommes. Après s'étendait la plaine et les montagnes à perte de vue.

 

Distancés par le groupe d'enfant, Naliee et moi piquons un sprint à travers le relai. Nous passons en trombe devant le garde Oria qui écrit d'un air absent dans son registre des allées et venues du relai. Pas le temps de s'arréter: tout en maintenant notre allure, nous lui lançons un qui fait relever la tête au vieil homme qui esquisse un sourire amusé en nous voyant courir à perdre haleine.

 

-Les autres sont passés il y a deux minutes! Vous ne devriez pas avoir raté grand chose! s'exclame-t-il lorsque nous arrivons à sa hauteur.

 

Soucieux de ménager ce qu'il me reste de souffle, je le remercie d'un pouce levé et d'un clin d'oeil complice. Oria s'est toujours prit d'affection pour Naliee, Dagno et moi. Certains trouvent cela étrange pour un garde d'être en aussi bon terme avec un Kishibe mais ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. Oria me rappelle ainsi que les gens tolérants existent toujours; et ce, peut importe leur statut sociale. Il me rassure.

 

 

                                                 Article en cour d'écriture...

 



04/03/2017
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