Chapitre 11: Les Destins
-Ta vie ne t'appartient pas! Tu n'as pas besoin de connaître les joies et les peines d'un véritable humain, cela ne te concerne pas. Je sais combien il est frustrant de ne rien connaître de l'Amour mais l'Univers est remplis de bien d'autres forces toutes aussi enivrantes!
-Je n'ai jamais voulu de ces pouvoirs, je n'ai jamais demandé d'être différente.
-On ne choisi pas son destin.
-...
-Qu'as-tu vu pendant ton ascension?
-Ah! Tu crèves d'envie de savoir ce que j'ai découvert, hein? Pour une fois, tu n'as pas pu me suivre.
-Je dois veiller sur toi, je dois guider l'Elue. Ma brume noire a élu domicile en toi, je dois donc t'accorder autant d'attention qu'à moi-même. Nous sommes trop semblables pour ne pas être indéféctiblement liés.
-Je ne veux pas de ton lien!
-Tu n'as pas le choix!
-...
-... Tu es allée jusqu'au début des choses, hein? Tu as remonté le cours entier du Temps?
-Oui. J'ai tout vu. Même des choses que toi tu ignores.
-Et tu ne veux pas me les décrire?
-Bah! Peu importe si je t'en parle. Eh bien... J'ai pu entendre les murmures.
-Ceux du Monde des Rêves.
-Ouais, je suis sûr que tu ne les loupes pas toi non plus, mais que tu n'y fais plus attention depuis une éternité, ta mégalomanie t'enivre trop.
-Le Monde des Rêves est mon domaine.
-Tu l'arpentes juste! Il ne t'appartient pas!
-Si tu le dis.
-...Ces sons, ces voix... Elles m'appelaient.
-Elles te parlaient?
-Elles me racontaient l'existence. Comme ça, sur la voûte. Sans parler. Elles m'ont parlé de tout ce qui nous avait précédé. J'ai la quasi-certitude que toi, tu n'as jamais bénéficié de ce savoir, tu n'as jamais dû vouloir écouter les voix qui traversent ton "domaine". Et tu oses t'en proclamer monarque... Tu ne vois même pas toute la puissance qu'il recèle!
-Contrôle tes nerfs, j'arpente l'Univers depuis la nuit des temps. J'y ai plus appris que tu ne peux l'imaginer.
-Depuis la nuit des temps, vraiment? Ton boulot est lié aux humains. Par logique, tu as dû apparaître en même temps qu'eux.
-Tais-toi. Et continue ce que tu disais de ces voix.
-Ces voix... Il faut les avoir entendu, Assassin. Sans doutes certaines étaient tes anciennes cibles, des âmes en chemin vers l'Après. Mais d'autres semblaient venir des créatures de l'Avant. Ce sont elles qui m'ont appelée à aller plus loin encore.
-Et pourquoi cette envie de les écouter? Ne chercais-tu qu'à m'échapper un court instant?
-Je devais prendre du recul.
-Sur ta vie?
-Un peu sur ma vie. Et sur toi.
-Tu as médité sur tes pouvoirs?
-Oui. J'ai la haine contre les autres, j'ai un corps tout blanc et de plus en plus maigre j'ai l'impression...
-Parce qu'il commence à rejoindre le Monde des Rêves, là où est peut-être ta place en tant qu'Elue.
-j'ai un corps conçu sur le même modèle que le tien, je peux voir tes pensées et te transmettre les miennes, je sais utiliser la brume pour... Pour casser, pour brûler des choses... Pour me défendre...
-En définitive?
-Et en définitive...
-Tu es comme moi, Pie. Tu es l'Assassin humain.
-L'Assassin humain.
-Je suis sûr que tu peux voir toutes les opportunités que cela peut t'apporter. Tu peux devenir ma compagne dans mes assassinats, Pie. Tu peux arpenter le Monde des Rêves pour les millénaires à venir, avec ces voix qui te fascinent tant. Ensemble, nous pourrions métamorphoser le concept de mort.
-Je ne veux pas tuer.
-Et si tu étais née pour ça?
-Jamais. Et ce n'est pas le meurtre qui me rapprochera des voix.
-Assassiner est un privilège. Tu as le privilège de t'arracher à toute cette fange d'humanité. Tu peux valoir bien plus que tous ces insectes.
-C'est seulement ce que tu penses! Tu ne peux voir les humains que comme de la vermine!
-Ce n'est donc pas ton cas?
-Non. Tu sais, quand toute l'immensité de l'Univers m'est apparue, j'ai réalisé beaucoup de choses. Et j'ai enfin vu clair dans ton jeu. Tu ne gouvernes rien, tu n'es toi aussi qu'un microbe dans ces confins. Tu te dis un être sacré mais tu n'es qu'une minable bête sauvage livrée à ses pulsions, qui se fait croire que son contrôle sur le monde des Vivants est total alors que ton travail n'est rien dans la foison des mouvements qui tourbillonent autour de nous. Tu es peut-être indispensable mais tu es vulnérable. Tu méprises les humains pour leur peur, tu penses les posséder, mais tu oublies que ton existence dépend entièrement d'eux. Tu t'amuses à prendre leur vie en sachant pertinemment au fond de toi que si tous ils mourraient, tu n'aurais plus de sens. La vérité, c'est que tu as peur. Et cette peur, tu la caches derrière ton mépris et ta haine. Tu veux oublier que, parce que nous sommes mortels et qu'un jour ou l'autre nous disparaîtrons, tu disparaîtra aussi car ton destin, ton travail, ta quête entière repose sur nous. Nous sommes tous liés, toi, moi et tous les humains du monde des Vivants. Tu nous tue à petit feu mais au fond, nous t'entraînerons dans la tombe avec nous. Personne n'en réchappera, il n'y aura pas de vainqueur. Voilà pourquoi tu ne nous domineras jamais entièrement. Car ceux qui savent, ceux qui ont compris, jamais plus tu ne les feras frémir. Et le jour où tu viendras me chercher, vrai, je n'aurais pas peur le moins du monde, Assassin. Même, je te rierai au nez. Car à chaque fois que tu tue l'un de nous, tu te rapproches un peu plus de ta propre mort.
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